le quartier de Poyaler PDF Imprimer Envoyer

Le tuc de Poyaler ( 95 m. d'altitude ) date, dit-on, des gaulois. En ces temps reculés, les populations vivaient en petites tribus formant cité, et dans un camp retranché fait de main d'homme qui leur servait d'asile au moment des invasions.

Dans ce camp, se trouvait la demeure du chef appelée dunum, bâtie sur une motte élevée, utilisée surtout comme observatoire et tour à signaux. Au-dessous, étaient creusées de vastes galeries presque toujours pourvues de dortoirs, de salles, de magasins à vivre et d'étables; on y accédait par un puits. De ce puits on peut encore distinguer l'orifice écroulé, à 20 mètres du château, au milieu des buissons et des ronces sauvages. Dans son livre "Les Landes et les Landais", M. Dufourcet nous apprend qu'on ne connaît que deux cachettes de ce genre dans les Landes : celle de Poyaler, et l'autre à Larbey au Bourg-Arman, près du pont de Poulouaou sur le Louts. D'après cet historien, ces deux souterrains auraient été creusés avec des haches en pierre polie, dans le calcaire nummulitique, c'est-à-dire fait avec des coquilles pétrifiées.
Sur les tucs en question s’allumaient de grands feux qui servirent aux peuples primitifs et plus tard aux seigneurs du moyen-âge, à transmettre au loin d’après des conventions reçues, les nouvelles importantes. Dans la suite, ces mottes féodales appartinrent à des Caviers, ou maîtres préposés à la garde d’une contrée et qui, en plus du droit de justice dont ils étaient investis, avaient à l’égal des nobles la propriété de certains moulins. Or toujours au dire de M. Dufourcet, le seul de ces moulins connus, est celui de Poyaler, sis en Larbey, aux confins de Malabat. Sa construction remonte au XIIe siècle. A cause de son importance exceptionnelle pendant les sécheresses et par crainte d'attaques à main armée, les châtelains l'avait puissamment fortifié, en en protégeant l'entrée par une porte à glissières profondes, manœuvrée du premier étage. L'histoire prétend que le souterrain dont nous parlons plus haut, et qui partait de la tour sur l'escarpement sud-ouest pour déboucher près des vannes, fut obstrué par les décombres qu'entassèrent en ces lieux, bien inutilement d'ailleurs, les chercheurs de salpêtre en 1792.
En 1629, le moulin seigneurial appartenait à Tabita de Bassillon; il était à deux claquets et s'affermait pour une charette de froment, sept de seigle et cinq de millet. Il fait aujourd'hui partie des propriétés de M. Cauna, de Pontonx. Nombre de visiteurs viennent même de fort loin, pour en admirer la magnifique ordonnance, et le site sans pareil où s'élève l'immeuble.

( extrait de la paroisse de Saint-Aubin R. Lamaignère 1938 )

Non seulement Poyaler s'acquit un nom dans le pays, mais c'est encore lui qui pendant quatre siècles dicta la loi à Saint-Aubin, jusqu'au moment de la parution des décrets fixant la constitution des communes. Déjà, en 1338, dans un acte se rapportant à la chapelle de Maylis, il est parlé de " la parropy de mons. Saint-Aubin-de-Poyaler ";en 1548, un habitant de Brocas, nommé Peyrot de Higue, laissait à " Sainct-Aubin de Poyaler " une petite rente de " neuf liartz ". Dans tous les procés-verbaux des délibérations antérieures à 1792, nous relevons cette mention : " La Communauté de Poyaler et Saint-Aubin...".Jadis, le quartier donnait asile au régent, au chirurgien et au notaire.En 1643, D.Comet, notaire-royal demeurait au Haza; en 1656, Jean de Laborde et Guillaume Dufraisse instrumentaient à la fois dans la localité.En 1670, le médecin résidait au Grand-Ségas et s'appelait Bertrand Larrey. Enfin en 1694 habitaient dans le bourg de Poyaler, le greffier ( Dominique de Campet ), le procureur d'office ( Bernard de Laborde ), le praticien ( Bernard de Gachard ), et le sergent royal ( David Dartiguelongue ). Depuis 1643, les assemblées des jurats et des syndics se tenaient à Houndaniou;mais en 1727, la salle des séances fut provisoirement transférée à Peillot, jusqu'au jour où pour la commodité des affaires, les élus communaux choisirent pour leurs délibérations " la petite chambre de la cy-devant église à côté du temple de l'Etre suprême. " ( 26 Thermidor an II ).
Dire que Poyaler a accepté de bonne grâce d'être découronné de tous les titres qui furent si longtemps l'orgueil de son histoire, serait peut-être exagéré. D'où cet esprit très spécial qui le distingue du reste de Saint-Aubin et qui imprègne encore tous les actes de sa vie familiale, politique et religieuse. Grandeur et décadence, dira-t-on. Oui, sans doute;mais il est des souvenirs, il est des évènements, que ni les individus ni les collectivités ne peuvent oublier, et que le temps ne saurait prescrire.

( extrait de la paroisse de Saint-Aubin R. Lamaignère 1938 )

 

Au pied du tuc, le moulin à eau rénové peut être visité. Ses nouveaux propriétaires vous feront également découvrir un élevage de cerfs et de biches.

Poyaller a conservé les vestiges du donjon médiéval ainsi qu’une ancienne chapelle.

Vous trouverez sur le site http://dzt-isto.chez.tiscali.fr de nombreux textes écrits par Raphaël Lamaignère, nous relatant l'histoire de ce quartier de Poyaler.