la tour de Poyaler PDF Imprimer Envoyer

Le château proprement dit fut construit au XIIIe siècle par les anglais qui, à cette époque, vinrent en conquérants occuper la Gascogne;il n'en reste plus guère aujourd'hui que des ruines grandioses.

De part sa position naturelle si merveilleusement choisie, dominant à la fois les vallées du Louts et la Gouaougue, il demeura longtemps une forteresse de premier ordre. Ce donjon carré, mesurant 6m.80 de côté sur 1 m.25 d'épaisseur, portait dans le haut de longues et étroites meurtrières; il était flanqué de créneaux avec des échauguettes découvertes et de mâchicoulis par où les assiégés laissaient tomber sur l'assaillant le plomb fondu, l'huile bouillante et les divers projectiles en usage dans les guerres d'alors. Actuellement, ces vieilles et solides murailles disparaissent sous un inextricable fourré de lierres et de lianes qui en masquent la vue. Sur le rond-point qui supporte la tour, on aperçoit encore quelques matériaux émergeant du sol, restes épars des locaux domestiques. En contrebas, se dessinent les terrassements et l'emplacement des fossés qui avec le pont-levis, protégeaient le château. Enfin, trois poternes ou portes de sortie secrètes, dissimulées dans les remparts, ouvraient trois issues sur les côtés nord, ouest et sud du mamelon.
Après avoir longtemps appartenu à la commune, la Tour de Poyaler fut achetée et détenue jusqu'en septembre 1937 par la famille des Cès-Caupenne; Mlle Gaillard, de Mugron,en est aujourd'hui propriétaire.

Poyaler était habité en 1364 par Arnaud III, baron de Cauna, seigneur de Lourquen, Mugron, Montaut et Saint-Aubin. Son petit-fils Louis, "moult et puissant seigneur de Chalosse" reçu du roi Charles VII, le droit de main-mise générale; et ses descendants régnèrent en maître sur le pays près de 300 ans. En 1554, Jeanne de Cauna se maria avec Jean-Antoine de Gabaston, seigneur de Bassillon, dont le frère Bertrand, gouverneur de Navarrenx épousa en 1578, Marguerite de Cauna. Ces derniers donnèrent le jour à Tabita (1) qui, plus tard, s'unit au baron de Bénac-Navailles, sénéchal de Bigorre et maréchal de France. Le baron qui était protestant, passa au catholicisme an 1621, et s'en fut guerroyer contre les Turcs en Palestine. Pendant ce temps, la dame de Poyaler menait dans son château une existence aisée, fastueuse même; les juges de Malabat se rendaient à jour fixe pour de plantureux festins, et les nobles du voisinage n'avaient leurs pareils pour aider la marquise à mieux dilapider sa fortune. Tant et si bien que même après le retour de M. de Bénac, et devant une situation particulièrement obérée, n'ayant plus rien à attendre désormais de leurs bailleurs de fonds habituels, (les Bénédictins de Saint-Sever et la famille Castaignet de Laouzèt ), les seigneurs durent donner leurs terres à la ferme pour une somme annuelle de 4.350 livres et, finalement vendre la baronnie avec toutes ses dépendances (2).François de Gontaut-Biron, lieutenant des camps du roi, s'en porta acquéreur en 1694.Ses successeurs devaient, cent ans durant, étendre leur domination sur Poyaler et tous les alentours. Le dernier seigneur connu est Charles de Gontaud-Biron qui, au moment des lois de 1792, eut la chance d'échapper à l'échafaud en passant à l'étranger.

(1) Tabita est l'héroïne d'un brochure publiée en 1907 par M. le Chanoine Daugé, intitulé La tour de Pouyalé, où l'auteur raconte une légende avec sa verve toute gasconne et un intérêt qui ne cessent de tenir le lecteur en éveil jusqu'au drame final.

(2) Mme de Bénac passait pour avoir un caractère extrêmement irascible. On raconte à ce propos, que pour punir le curé de Saint-Aubin qui, un dimanche, ne l'avait pas autrement attendue pour commencer sa messe, elle remonta immédiatement au château et décida avec l'intendant qu'elle consacrerait le tiers de la dîme de l'année à la construction d'une chapelle à la Vierge à Larbey. Toujours est-il qu'à la suite de ce geste d'humeur, les gens de Poyaler, abandonnant Saint-Aubin, affectèrent très longtemps d'occuper les premières places et de se considérer en terrain conquis, dans l'église voisine.

( extrait de la paroisse de Saint-Aubin R. Lamaignère 1938 )